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ALBANIE, VOYAGE EN PETRONARCHIE

Le ciel est bas, d'une couleur gris pétrole, comme si le précieux liquide s'était dilué jusque dans l'atmosphère. Les routes sont en piteux état, à l'image de celles qui parcourent l'ensemble du pays. L'Etat albanais commence à peine à investir dans les infrastructures routières. Il a fallu rouler pendant quatre heures pour parcourir les 200 kilomètres qui séparent Fier de Tirana, la première ville du pays. Ici, l'ambiance est plus morose que dans la capitale. Quelques cafés bordent la route principale. Les terrasses sont presque vides. En revanche, le trafic des voitures est soutenu. Les moteurs des véhicules génèrent un bruit de fond permanent. A l'extérieur du centre ville, les camions se succèdent sur les axes routiers principaux. Ils transportent les tonnes de pétrole extrait à 5 kilomètres de là, sur le site de Patos-Marinza, le plus grand site pétrolier offshore des Balkans.


Les séismes de la fracturation


A la sortie de la ville, un panneau géant “BANKERS PETROLEUM” plonge le visiteur dans le décor. La multinationale canadienne a passé en 2004 un contrat d'exploitation de 25 ans avec l'Etat albanais. Cinq milliards de barils sont produits chaque année et l'entreprise est devenue le premier employeur de la région. Et pourtant, à la fin de l'année 2013 des voix se sont élevées contre les agissements de la multinationale. Les habitants des villages qui bordent le site réclamaient que l'Etat albanais mette fin au contrat passé avec l'entreprise canadienne. Sur les murs de Fier, on peut encore lire des graffitis “Bankers Ik” (“Bankers dégage”). Selon les habitants des villages, la multinationale réalise des explosions pour extraire le pétrole. Ces détonations sont si puissantes qu'elles font trembler la terre. Les maisons se fissurent.


Neuf villages sont concernés par ces explosions, soit 8890 personnes. Le sismologue Dëfrim Shkurti a étudié la géologie de la région durant ces vingt dernières années et pour lui, ce sont les techniques d'extraction du pétrole qui seraient la cause des tremblements de terre. Une technique aussi connue que critiquée en Europe : la fracturation hydraulique. 

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